Rôle de l’industrie pharmaceutique
dans le système de soins au Maroc
L’économie mondiale est en pleine mutation. Tous les secteurs, de l’assurance à l’industrie pétrolière en passant par l’industrie pharmaceutique font l’objet de restructurations et voient des fusions et des regroupements fleurir de toute part.
De nombreux facteurs expliquent cette volonté ou plutôt cette contrainte, de fusionner : facteurs économiques (accroissement des parts de marché, réalisation d’économie d’échelle…), facteurs techniques (renforcement de la recherche et développement), agrandissement du réseau de distribution…) et enfin, facteurs psychologiques (recherche d’une position de leader…)
Le secteur de l’industrie pharmaceutique n’échappe pas à cette règle et de nombreux bouleversements modifient la donne :
· Régulation des dépenses de santé au niveau mondial.
· Un coût élevé de Recherche et Développement.
· Mondialisation du marché pharmaceutique.
· Libéralisation des échanges.
· Exigence des actionnaires.
· Mutation des technologies (comme par exemple la thérapie génique).
Autant de raisons qui poussent les entreprises pharmaceutiques à opérer des rapprochements et des fusions entre elles (Tableau 1).
Tableau 1. Fusions des laboratoires pharmaceutiques
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Groupes
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CA (1999, en milliards de $)
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Parts de marché (en %)
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Glaxo-Smithkline (1)
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24.4
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7.5
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Pfizer(2)
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22.9
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6.8
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Merck
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17.4
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5.1
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Astra-Zeneca
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14.8
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4.4
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Bristol-Myers-Squibb
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14.3
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4.2
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Aventis
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13.5
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4
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Novartis
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11.4
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3.4
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Johnson & Johnson
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10.7
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3.2
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Pharmacia (3)
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10.7
|
3.2
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Eli Lilly
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10
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3
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Source SNIP
(1) : Glaxo-Welcome+SmithKline Beecham
(2) : Pfizer+Warner Lambert
(3) :Pharmacia Upjohn+Monsanto
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Jusqu’à une date récente, le premier laboratoire mondial n’arrivait pas à dépasser 4% de part de marché. Aujourd’hui, cette part a presque doublé, et nous assistons encore à des fusions absorptions. Les dix premiers laboratoires mondiaux contrôlent 45% du marché.
Dans ce contexte pour le moins que l’on puisse dire mouvant et de concurrence intense, l’industrie pharmaceutique marocaine ne peut rester insensible et se doit de se préparer à intégrer au mieux cet environnement.
Elle est classée " Zone Europe " par l’OMS.
La décision prise il y a une quarantaine d’années de fabriquer localement les médicaments s’est concrétisée par une couverture de 80% des besoins du marché en spécialités pharmaceutiques.
Des investissements importants industriels et qualitatifs ont été réalisés. L’industrie pharmaceutique joue pleinement son rôle de fournisseur de soins de qualité et à des prix compétitifs.
L’approvisionnement du marché, grâce à la fabrication locale et à la promotion du médicament générique, assure la disponibilité des médicaments et mettant le malade et le corps soignant à l’abri des ruptures de stock.
Les acteurs du marché
Les principaux laboratoires du marché pharmaceutique marocain sont cités dans le tableau 2 ci-après.
Tableau 2. principaux laboratoires pharmaceutiques au Maroc
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Laboratoires
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Parts de marché
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Aventis
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19.7%
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Maphar
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14.5%
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Laprophan
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9.6%
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Cooper Maroc
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6.5%
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Sothema
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6.2%
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Smithkline Beecham
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5.4%
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Pfizer
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4.1%
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Roche
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4%
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Synthélabo
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3.7%
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Bottu
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3.5%
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Glaxo Wellcome
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2.9%
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Source IMS
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Mais les fusions internationales ont eu inévitablement des effets au niveau national (Tableau 3).
Tableau 3. Fusions internationales des laboratoires et effets au Maroc.
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Fusion
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Conséquence nationale (fusion)
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Parts de marché nationales (en CA)
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Sanofi-Synthélabo
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Maphar-Synthémedic
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Maphar : 14.5%
Synthémédic : 3.7%
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RPR-HMR
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Aventis Maroc
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19.7%
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GlaxoWellcome-SmithKline Beecham
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GSK
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GW Maroc : 2.9%
SB Maroc : 5.4%
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A présent quatre groupes se partageraient plus de 55% du marché (tableau 4)
Tableau 4. Principaux laboratoires au Maroc
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Groupe
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Parts de marché (Total)
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Aventis Maroc
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19.7%
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Sanofi-Synthélabo
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18.2%
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Laprophan
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9.6%
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GSK Maroc
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8.3%
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Un secteur performant
La production marocaine était en 2000, de 180 millions d’unités pour 22 sites de production Il n’y avait que 8 unités industrielles en 1965 et le nombre d’unités produites a plus que triplé en 35 ans. Cette production permet de couvrir 80% des besoins nationaux et de représenter toutes les classes thérapeutiques, sauf les petites séries peu rentables, ne justifiant pas d’investissements. Le chiffre d’affaires atteint à peine 4 000 millions de dirhams.
Un des fleurons de l’économie marocaine
Le secteur représente 6000 emplois directs dont 20% de cadres et des investissements importants (1.200 millions de dirhams entre 1995 et 2000). Ce fort engagement s’explique par la volonté de respecter les bonnes pratiques de fabrication et par les impératifs de modernisation.
Conjoncture économique peu favorable
Les faibles performances de l’économie marocaine au cours des dernières années, liées entre autres à la sécheresse, n’ont pas permis à l’industrie pharmaceutique de s’épanouir pleinement. L’export devient un passage obligé pour son développement.
Les atouts
Couple qualité-rentabilité
· Instaurer une politique d’investissement rationnelle, à long terme,
· Former le personnel,
· Mettre en place des procédures rigoureuses utilisant des techniques adéquates (BPF, Normes ISO…)
· Mettre en place des contrôles stricts de la fabrication (Audits, certification…)
L’objectif étant d’atteindre le degré de professionnalisme des laboratoires européens et américains et de relever les niveaux quantitatifs et qualitatifs de la production.
Développement à l’Export
Si l’industrie pharmaceutique marocaine arrive à produire en quantité, à faible prix et selon des normes reconnues au niveau international, elle pourra alors être le lieu d’accueil privilégié pour les délocalisations de productions des grands laboratoires internationaux et développer ainsi des accords de licence avec ces derniers.
L’industrie pharmaceutique marocaine serait alors le relais de ces grands laboratoires pour la production du médicament, sous sa forme actuelle, et deviendrait également un gros exportateur vers l’Europe, entre autres.
Industrie pharmaceutique marocaine et assurance maladie obligatoire (AMO)
Grâce à ses investissements, l’industrie pharmaceutique marocaine a la capacité de répondre immédiatement à toute demande additionnelle par l’AMO.
La percée du médicament générique tire les prix des médicaments "essentiel " vers le bas : anti-ulcéreux, anti-diabétiques, anti-hypertenseurs, antibiotiques, anti-inflammatoires, médicaments de l’asthme…
Elle assure en outre la disponibilité et la sécurité d’approvisionnement, abolissant les monopoles sur certains produits.
L’instauration de l’AMO laisse présager une période soutenue pendant laquelle la consommation de médicaments augmenterait, pour faire suite à une stagnation.
Plusieurs raisons nous permettent de penser cela :
· dans un souci d’équilibre, les pouvoirs publics mettront en place des mesures destinées à réduire les coûts, et à limiter les dépenses,
· le faible taux de remboursement (50%),
· l’établissement de listes de remboursement restrictives.
L’AMO devrait être une opportunité permettant l’épanouissement et la consolidation des performances de l’Industrie. Cette dernière doit être un acteur essentiel dans l’élaboration d’un régime d’AMO viable et performant.
Conclusion
Le médicament est essentiel à l’amélioration de la santé des marocains. Il constitue la principale source de progrès thérapeutique et d’économies en évitant notamment de nombreuses hospitalisations.
Toutes ces raisons imposent à l’industrie pharmaceutique d’avoir une connaissance du code général dans lequel elle devra agir.
Sa connaissance et sa capacité à satisfaire en quantité des médicaments de qualité et des prix à la portée de nos concitoyens sont tributaires de ses aptitudes à planifier de manière à organiser à l’avance son développement.
Une politique du médicament permet en effet à l’entreprise pharmaceutique d’inscrire ses actions dans un cadre cohérent, en harmonie avec la politique économique des pouvoirs publics.
Elle permet aussi d’élaborer ses stratégies notamment d’investissement, de produits et de ressources humaines